Intitulé «Biogaz extrait des boues de vidange : Comment rendre les services durables d’assainissement accessibles aux populations pauvres des zones urbaines du Burkina Faso»,
le projet mis en œuvre en collaboration avec l’ONEA est une véritable innovation aussi bien du point de vue technologique que stratégique. Il intervient dans un contexte où les opportunités de valorisation des boues de vidange et les profits liés à un meilleur assainissement sont très peu exploités et vulgarisés, voire méconnus. Concrètement, il s’agit dans le cadre de ce projet pilote de tester la faisabilité de sites de biogaz traitant des boues de vidange à Ouagadougou la capitale du Burkina Faso. Si cette première phase de test s’avère concluante, EAA envisage de passer à l’échelle et de dupliquer le projet dans certains de ses Etats membres. L’institution s’appuiera notamment sur des actions fortes de capitalisation, de partage des connaissances et de plaidoyer.
EAA joue un rôle stratégique dans le cadre de ce projet et peut se servir de son expérience forte de vingt-six (26) années en matière de fourniture de services innovants d’assainissement et de plaidoyer. Ce rôle porte sur différents volets à savoir : le suivi-évaluation des produits valorisés, la formation et le renforcement des capacités des acteurs du secteur, l'information, la communication, l'éducation et la création d’un marché pour le secteur privé.
Le projet de biogaz a essentiellement un but social qui consiste à développer une solution technique et un modèle économiquement rentable qui démontrent les opportunités offertes par la transformation et la valorisation des excréta (électricité / gaz) au profit des ménages à revenus faible et moyen dans la ville de Ouagadougou. En s’inspirant de l'expertise chinoise, EAA va accompagner le gouvernement burkinabè, à travers l’ONEA, à repositionner les installations de traitement des boues de vidange. Cet accompagnement consistera à transformer les installations non productives existantes à des sites de production de gaz. Grace à cette mutation, les boues de vidange jadis considérées comme des déchets, peuvent devenir une ressource, une matière première pour la production d'énergie.
L'objectif global de ce projet est de valoriser les boues de vidange pour fournir des services avantageux à faible coût aux pauvres à travers le développement d'activités économiques rentables utilisant les boues comme matière première dans la production gazière. A long terme, ce projet dans lequel EAA investit des ressources tant humaines que financières ambitionne de créer un environnement propice à la réplication du modèle réussi à Ouagadougou dans d'autres villes du pays et dans les autres pays africains présentant un contexte similaire.
De manière opérationnelle, le projet biogaz comprend quatre composantes. Il s’agit des volets :
- technique et environnemental qui consiste à concevoir, dimensionner, construire et faire fonctionner un site de biogaz pour le traitement des boues de vidange suivant un processus de capitalisation approprié en vue de la réplication ;
- socio-économique dont l'objectif est de définir la taille du marché pour la commercialisation des produits et développer un modèle économique favorisant la production du biogaz à partir des boues ;
- institutionnel et réglementaire avec pour objectif de mettre en place le cadre et l’appui nécessaire pour l'appropriation effective du projet par les acteurs privés comme public du secteur de l'énergie afin de produire du gaz à partir des boues de vidange ;
- communicationnel dont l'objectif est de développer et mettre en œuvre un plan de communication et de plaidoyer destiné à convaincre et motiver l'ensemble des acteurs (publics et privés) sur la technologie du biogaz et de ses opportunités d'affaires, et d'intensifier la sensibilisation de la communauté sur l'hygiène et l'assainissement, et leurs impacts environnementaux.
A terme, la contribution de EAA à travers ce projet de biogaz devra profiter à un nombre important de bénéficiaires directs que sont les populations à faible revenu vivant actuellement dans les communautés où se pratique le déversement de boues dans la rue et aux alentours des concessions. Ainsi, plutôt que d’être des victimes de l’évacuation et du déversement anarchiques des boues de vidange, ces populations en tireront grand profit en termes de santé, de préservation de l’environnement et de valorisation de la chaîne de l’assainissement. D’un coût total estimatif de 658 034 $ US, ledit projet va s’exécuter sur une période de trois ans, soit d’octobre 2012 à décembre 2015.